L’Art déco dans les Hauts-de-France

Chaque printemps, ce mouvement architectural majeur est célébré dans la région. Cette année, le printemps de l’Art déco a lieu du 01 avril au 29 mai avec un ensemble d’animations, festivités, rencontres… organisées par les offices de tourisme de la région.

Pourquoi un festival Art Déco ?

Après la première guerre mondiale, le Nord et le Pas-de-Calais sont ravagés. Des villes comme Lens ou Béthune sont détruites à 90%. Pour signer le renouveau d’une région meurtrie par la guerre, les architectes reconstruisent avec ce mouvement architectural audacieux, aux lignes géométriques nouvelles. Un courant moderne d’entre deux guerres qui redessine complètement l’histoire urbaine de la région.

Lancé il y a 10 ans maintenant par quelques offices de Tourisme de la région, le Printemps de l’Art Déco réunit aujourd’hui 17 partenaires. Ateliers gratuits pour les enfants, découverte du patrimoine à vélo, plongeon dans la piscine, bals, murder party, visites guidées… il y en a pour tous les goûts et toutes les envies.

Lens - Place Jean Jaurès. Crédit Jean-Michel André

La Piscine Art déco de Bruay-la-Buissière.

Aussi appelée la Molitor du Nord, la piscine de Bruay-la-Buissière est une véritable pépite architecturale au coeur du Bassin minier du Nord Pas-de-Calais.
Construite en 1935 par l’architecte bruaysien Paul Hanote, elle fait parti du plan de développement des loisirs dans la cité. Jouxtant les corons, elle est inaugurée dans le stade parc qui comprend également une piste d’athlétisme et un gymnase. Nous sommes en 1936, pleine période hygiéniste, le sport et les loisirs sont au centre des préoccupations politiques.
Si on l’appelle le paquebot, ce n’est pas pour rien. L’architecte s’est inspiré des paquebots transatlantiques, les fenêtres ressemblent à des hublots et la piscine est dotée de 246 cabines.
Inscrite au titre des Monuments historiques, en 1997, elle reste aujourd’hui une fierté et un équipement de loisirs pour l’ensemble de la population du territoire.
Béthune-Bruay Tourisme organise depuis peu des baignades nordiques à certaines périodes de l’hiver mais c’est surtout l’été que les activités battent leur plein.

Piscine art déco Roger Salengro de Bruay-la-Buissière. Crédit : Jean-Michel André

La Gare de Lens

Les travaux de reconstruction de la ville débutent à partir de 1922, après que les travaux de remise à niveau des sols se fassent. Avec les bombardements et les affaissements miniers (c’est 100 000km de galeries sur l’ensemble du Bassin minier Nord Pas-de-Calais), les sols sont fragilisés.
L’architecte Urbain Cassan s’inspire de la forme d’une locomotive à vapeur pour reconstruire la gare dès 1926. D’ailleurs pour se prémunir d’autres affaissements dus aux galeries minières, la gare est construite sans étage et sur un radier de béton armé. A l’intérieur de la gare, l’artiste Auguste Labouret rend hommage aux mineurs grâce à des mosaïques d’inspiration cubiste. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1994.

Pour admirer la gare, le vidéo mapping festival passe à Lens le 27 et 28 mai. Des projections auront lieu sur la gare pour fêter les 10 ans de l’inscription du Bassin minier sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et les 10 ans du Louvre-Lens.

Bon à savoir

L’ensemble de la programmation est à retrouver sur le site internet du festival « Printemps de l’Art déco » mais aussi chez les offices de Tourisme partenaires dont Lens-Liévin tourisme, Béthune-Bruay Tourisme et Douaisis Tourisme

Un double anniversaire joyeux et festif

Cette année le Louvre-Lens et le Bassin Minier inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco fêtent leurs 10 ans. Un anniversaire qui se veut festif et évidemment joyeux.

Que faisiez-vous il y a 10 ans ? 

Est-ce que vous faisiez la queue pour entrer au musée le jour de la Sainte Barbe ? Est-ce que vous avez célébré l’inscription du Bassin Minier au Patrimoine Mondial de l’Unesco le 30 juin 2012 ?
Si les souvenirs vous font défaut, l’ensemble des festivités prévues cette année par un collectif joyeux et engagé vous en donneront de nouveaux pour les dix années à venir.

2 expos majeures au Louvre-Lens 

Rome, la Cité et l’empire –  et Champollion, la voie des hiéroglyphes – sont les deux expositions d’exception qui célèbreront les 10 ans.
Le musée du Louvre fait aussi un joli cadeau au Louvre-Lens en prêtant du 03 février au 16 janvier 2023 le célèbre Scribe accroupi, emblème du département des Antiquités égyptiennes. Chef-d’œuvre aussi ancien que les Pyramides, le scribe fut découvert par l’archéologue boulonnais Auguste Mariette. Installé dans la Galerie du temps puis dans le Pavillon de verre en mai, il rejoindra ensuite l’exposition Champollion, la voie des hiéroglyphes.

"Le scribe accroupi" au Musée du Louvre-Lens le 03 février 2022. Photographie : FREDERIC IOVINO

Bassin Minier Patrimoine Mondial de l’Unesco

Le 30 juin 2012, le Bassin minier rejoint les icônes de l’Humanité en étant inscrit sur la liste prestigieuse du Patrimoine Mondial de l’Unesco.

Au programme de cette année spéciale : Festival de cinéma, projet de danse, traversées du territoire à vélo, video-mapping, événements et défis sportifs… le tout sur l’ensemble du territoire du Bassin minier !

Pour découvrir l’ensemble des festivités, rendez-vous sur le site J’ai 10 ans ! 

10 ans 10 week-end

« Voyage en bières inconnues », « Le Mystère des Pyramides Noires », « Dolce Vita à Lens, « l’Art de Vivre l’Art déco »… pendant cette année exceptionnelle, Lens-Liévin Tourisme organise 10 week-end sportifs, culturels et gourmands. A découvrir sur leur site internet mais aussi à l’Office de Tourisme.

Tout le monde redescend

La nouvelle scénographie de la Carrière Wellington à Arras affûte les sens. Ému par les projections vidéo à même la craie, happé par le réalisme des sons binauraux, on vit l’instant présent comme l’ont vécu les quelque 24 000 soldats britanniques une semaine avant le déclenchement de la bataille d’Arras.

Comprendre avant de descendre

C’est une gourde cabossée tout ce qu’il y a de plus banal. Sauf qu’elle a été modifiée, nous dit le cartel, « pour en augmenter la contenance. » Juste à côté se trouvent un trèfle découpé dans du cuivre, un visage moulé en craie, une pointe de casque allemand ainsi que toute une série d’objets de la vie quotidienne des soldats de la Grande Guerre. Sans distinction de camp. En pivotant à 180°, on tombe nez-à-nez avec un plan de coupe de la Carrière Wellington. Un peu plus loin, on peut même se prendre en selfie devant la photo de l’escalier qu’empruntèrent ce fameux 7 avril 1917 dès 5 h 30 du matin les Tommies restés une semaine dans les souterrains d’Arras. Depuis le 11 novembre 2021, le rez-de-chaussée du Mémorial de la Bataille d’Arras a été entièrement repensé. Cartes militaires évolutives, uniformes, dates-clés. Tout y est. Comme le souligne Laurence Mortier, directrice adjointe de l’Office de Tourisme d’Arras-Pays d’Artois:

Nous avons fait le choix de comprendre avant de descendre avec une zone d’interprétation intégrée au parcours du visiteur. Une fois en bas, l’émotion n’en est que plus vive.

Plan - crédit photo Joffrey Levalleux

Sons et lumières

On ne change pas l’Histoire mais on peut en modifier l’approche. « La rendre plus vive et plus immersive en faisant appel aux techniques nouvelles », comme le rappelle Antoine Wacogne, responsable du pôle Marketing et communication au sein de l’Office de Tourisme Arras-Pays d’Artois. Inaugurée en 2008, la Carrière Wellington est un Sirius culturel. Une étoile brillante qui accueille 80 000 visiteurs par an par petits groupes d’une quinzaine de personnes. Alors qu’il aurait pu se reposer sur ses poppies, le site de la première guerre mondiale s’est remis en question à grands renforts de sons binauraux et de projections à même les parois de craie. Pour le scénographe Henri Joachim, ces techniques « permettent de découvrir la Carrière sous un jour nouveau.» Plongé dans la semi-pénombre, muni d’un Brody (le casque des militaires anglais) et d’un audio-guide aussi simple que précis, on progresse pas à pas dans cette cathédrale de craie. Il fait sombre certes mais le parcours est limpide. Les dortoirs, les latrines, la salle de communication jusqu’au fameux pilier 5 E où se déroula la messe de Pâques, tout est fait pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe. Et il y aurait de quoi, car « en six mois, à partir d’octobre 1916, les tunneliers néo-zélandais ont creusé dix kilomètres de galeries » rappelle notre guide.

Continuer le parcours du combattant

 Lorsqu’on refait surface une heure plus tard, un film documentaire parachève le parcours. On aurait pu en rester là mais ce serait compter sans la logique d’un tourisme mémoriel « qui a tout à gagner à être redondant sur le territoire des Hauts-de-France », souligne A. Wacogne. La nouvelle scénographie intègre désormais une fraternité touristique qui suit comme dorsale la ligne de front de la Première Guerre mondiale. Le site arrageois étant un élément parmi d’autres. Pour en prendre la mesure, une maquette invite le visiteur à se rendre à la Caverne du Dragon sur le chemin des Dames, au Mémorial national australien de Villers-Bretonneux, au Mémorial canadien de Vimy jusqu’au Menin Gate en Belgique. Un voyage dans le temps et l’espace pour vivre le vrai parcours du combattant.

Rue Arthur Deletoille à Arras. – Tél. : 03 21 51 26 95 – www.carrierewellington.com
Horaires d’ouverture :
Du 16 novembre au 19 décembre 2021 : d
u mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 13h45 à 18h.
Du 20 au 31 décembre 2021 : tous les jours de 10h à 12h30 et de 13h45 à 18h.
Fermeture exceptionnelle à 16h les 24 et 31 décembre. Fermée le 25 décembre, le 1er janvier au 21 janvier 2022 inclus.

La visite guidée dure 1h15 – Tarif à partir de 4,50 euros – tarif plein : 9 euros.

Article rédigé par Joffrey Levalleux