Là-Haut sur nos montagnes

Comment ça, plat pays ? Et nos montagnes, vous les oubliez ? A l’origine monts de schiste noir, nos terrils sont aujourd’hui de formidables poumons verts, remarquables par leur richesse écologique. A Fouquières-lez-Lens, Roost-Warendin et Raismes, voici trois terrils pour marcher, respirer, escalader et s’offrir un moment de contemplation entre ciel et terre…

Bien sûr, on aurait pu vous conseiller le terril des Argales à Rieulay, cet immense terril plat, grand comme 235 terrains de foot ! Avec sa base nautique, sa plage de sable, sa réserve ornithologique et ses chèvres de la ferme Les Chevrettes du Terril, c’est un site vraiment incroyable. On aurait pu aussi vous inviter à découvrir les terrils jumeaux du Pays à part, à Haillicourt. Au sommet, à 178 mètres d’altitude, c’est une vue de dingue qui s’offre sur les collines de l’Artois et les monts de Flandres. Juste à côté de la pente escarpée du 9, ce terril viticole qui donne le Charbonnay.

On aurait pu… mais on préfère vous surprendre et vous emmener escalader trois autres terrils, plus discrets mais tout aussi remarquables. Prêts ?

Sur les terrils du Marais de Fouquières, un sentier des Fumerolles

Entre Fouquières-les-Lens et Harnes, à l’emplacement d’un ancien marais, les terrils 93, 100 et 230 ne forment pas qu’une simple montagne. C’est un vrai petit volcan, sans éruption (ouf) mais avec une combustion lente qui génère d’étonnants halos de fumée.
Pour découvrir ce site unique, le mieux est de se garer sur l’un des deux parkings du chemin du Routoirs. Pour y accéder, empruntez le D39 et, après le pont vert et bleu à la sortie de Harnes, tournez à droite sous le portique. De là, continuez à pied vers le chemin des Bocquiaux, jusqu’au panneau indiquant les terrils du Marais de Fouquières, le sentier des Fumerolles (2,5km) et celui du Tour des terrils. (5,2km).
On s’engage sur le premier, balisé en vert. Un escalier après une chicane et voilà le chemin qui s’ouvre, au milieu d’une végétation remarquable. Beaucoup de bouleaux, première espèce à s’être implantée sur les terrils, mais aussi de hautes fougères et toute une flore unique. Un panneau invite à quitter un instant le sentier, pour admirer le point de vue du Canyon, spectaculaire vallée entre les terrils 83 et 230.
Un canyon ici ? Eh oui. Il s’est formé au fil des ans et des dépôts de remblai de l’ancien marais. Du schiste noir et rouge, des cendres mais aussi des composants toujours en combustion, d’où les fumerolles qui s’échappent par de profondes crevasses.

Une barrière en bois et quelques panneaux attirent l’attention. La voici cette zone de combustion, avec ses puits de chaleur, qui crachotent leur fumée plus ou moins dense. Entre broussailles et arbustes, le spectacle est fascinant. Mais attention danger car les températures peuvent monter à 1000° !
Chaleur et sol sableux par endroits, il n’en faut pas plus pour expliquer une biodiversité exceptionnelle. Croiserez-vous la digitale pourpre, longtemps considérée comme une plante magique, ou l’arbre à papillons ? Verrez-vous le lérot, le pouillot fitis ou le demi-deuil, un joli papillon noir et blanc ?

Impossible en tout cas de manquer la Chaîne des terrils qui se dessine dans le lointain. Une table d’orientation identifie chacun… comme à la montagne !

Au bout du sentier des Fumerolles, deux options s’offrent au marcheur pour regagner le parking. Soit revenir sur ses pas, soit emprunter le sentier du Tour des terrils. En prenant à droite, ce sera plus court. Mais on se prive d’autres découvertes…

Terril-141 Escarpelle -Roost-Warendin 02-04-2017 B Vastra

À Roost-Warendin, le vert terril de l’Escarpelle

Cap maintenant à l’ouest, au nord de Douai, où le terril 141 de l’Escarpelle culmine à près de 65 mètres de haut.  L’aventure commence rue de la Pâturelle, où un parking a été aménagé à l’orée du sous-bois. Il faut ouvrir l’œil et le bon pour repérer le départ du sentier menant à deux terrils. Notre 141 ainsi que le 139, dit des Pâturelles et situé à Râches.
On sort un instant du sous-bois, on traverse la petite rue puis on emprunte le sentier balisé en jaune et rouge.

Un panneau donne quelques infos sur ces terrils, inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Pas de doute, on est sur la bonne voie, celle du Circuit de l’ascension du terril, longue de 5 km.
La route pavée sans grand dénivelé devient vite un escarpé sentier d’altitude. Tout autour, l’écrin de verdure se fait plus dense, entre chênes, merisiers, sureaux et nombreux bouleaux. Vivement l’automne, que leurs feuilles ressemblent à des pièces d’or jonchant le tapis noir minier !
On pousse sur ses jambes, on respire à pleins poumons mais toujours en ouvrant grand ses oreilles. Une cinquantaine d’espèces d’oiseaux ont été répertoriées sur le site et il y en a forcément pour accompagner la balade.
Dans cet Espace naturel sensible, seul le marcheur est bienvenu. Les VTT sont interdits, priés d’emprunter la piste aménagée sur le terril voisin des Pâturelles.
Encore un petit effort et voici le sommet du terril de l’Escarpelle, un plateau entouré de bouleaux. À droite, au bout du chemin, un belvédère offre une vue imprenable sur la vallée de la Scarpe. De l’autre côté, superbe panorama aussi, entre le chevalet bleu du puits de l’Escarpelle et la Chaîne des terrils à l’horizon.

Terril de Raismes

À Raismes, les terrils Sabatier en pleine forêt

Comme il semble loin le temps où les terrils 174 et 175, noires pyramides, dominaient l’ancienne fosse Sabatier ! Les voici aujourd’hui tout de vert vêtus, au cœur d’un imposant massif forestier géré par l’ONF.

On y entre bien sûr sans sa voiture, restée sur le parking de l’avenue Fontaine Bouillon ou sur celui du Parc de la Porte du Hainaut, tout proche. C’est là, au rond-point, que part le Circuit du Sabatier nord (4 km) fléché en jaune.

La Maison de la forêt à droite et quelques tables de pique-nique à gauche, on s’engage dans une belle voie pavée, bordée d’arbres. C’est la drève de la Princesse, une ancienne allée carrossable ainsi nommée en hommage à la famille princière d’Arenberg, naguère propriétaire des bois.

Un peu plus loin à droite, un chemin part vers le terril. Le sous-bois se fait plus touffu, tandis que la pente devient plus abrupte. La blancheur des troncs de bouleaux tranche avec le noir du sentier. Ça grimpe, ça grimpe pour atteindre le sommet du terril 175, un cône de 103 mètres, le plus élevé du Valenciennois.

Arrivé tout en-haut, on domine la forêt de hêtres, de chênes et de charmes, qui déroule son manteau vert-bleu le long de la ligne de crête. On repère d’autres terrils et quelques éoliennes. On devine les cités Sabatier et du Pinson. On scrute l’horizon à 360° pour trouver le mont Saint-Aubert, l’abbatiale Saint-Amand  ou le chevalet de la fosse d’Arenberg indiqués sur la table d’orientation, qui surplombe le terril. Dans ce plat pays, dès qu’on prend de la hauteur, on voit loin !
Dans la descente, le chevalement Sabatier émerge subitement en lisière de forêt, dernier témoin des installations du carreau de fosse. Le grand totem bleu indique la route vers le terril 174, moins impressionnant que son voisin mais aussi boisé. Envie de le gravir ? Comptez 2 kilomètres de plus, sur un Circuit des 2 terrils de 6 km en tout.

Boire et manger

 En face du site minier de Wallers-Arenberg, le Carô, une nouvelle adresse installée dans une ancienne maison de porion*. Déco noire et brique, à la fois chaleureuse et contemporaine, et cuisine créative réalisée avec des produits locaux.
1/3 Avenue d’Arenberg 59135 Wallers.

*Porion : contremaître dans les mines de charbon. Avec le chef porion il était responsable de la sécurité au fond de la mine.

Informations pratiques

Pour en savoir plus sur les terrils, rendez-vous sur le site de l’Association de la Chaîne des Terrils. Elle organise régulièrement des visites guidées. En allant également sur les sites des Offices de Tourisme de la destination (Lens-Liévin Tourisme, Béthune-Bruay Tourisme, Douaisis Tourisme, Coeur d’Ostrevent, Valenciennes, Porte du Hainaut), vous aurez une programmation détaillée des animations proposées.

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