Mais quelle histoire !

Observer une canine d’ours de plus de 180 000 ans. Grimper les marches de la tour de guet du château d’Olhain. Ou sentir son cœur se serrer devant une photo de soldat mort, gisant dans une tranchée de la Première Guerre. Autour du Louvre-Lens, plusieurs musées et monuments vous propulsent droit dans le passé, pour une virée historique entre émotion et surprise.

À Arkéos, les perles bleues de la belle Falbala

Envie d’un voyage dans le temps ? Prêt à remonter les siècles et les millénaires ? Rendez-vous à Douai, au musée-parc archéologique Arkéos ! Aucun lieu ne raconte aussi bien notre histoire, au fil d’un parcours chronologique et de 1500 objets rares et étonnants.

L’aventure commence vers 180 000 ans avant notre ère, sur le site de Biache-Saint-Vaast. Brrr… Qu’il ne devait pas faire bon être un chasseur-cueilleur du Paléolithique ! Ici, entre prairies et marécages du bord de Scarpe, plus de 200 000 os de mammifères ont été trouvés. Des aurochs, des ours bruns, des rhinocéros et autres bestioles naguère chassées pour leur viande et leur fourrure.
Envie de découvrir une canine d’ours, une molaire d’auroch ou une série dentaire de rhino du Paléolithique moyen ? Direction les collections permanentes d’Arkéos, qui présentent aussi un moulage de deux fragments de crânes pré-néandertaliens, datés de 175 000 ans avant notre ère. Trouvés eux aussi à Biache-Saint-Vaast, ces restes humains sont carrément exceptionnels. Et prouvent que la présence humaine dans notre région remonte à la nuit des temps.

Néolithique, Âge des métaux, Antiquité, Haut Moyen Âge puis Moyen Âge…l’homme (mais aussi la femme, hein 😊) n’a plus quitté le territoire, y vivant, y installant ses pénates et y exerçant ses activités.

À Lauwin-Planque, l’un des plus anciens sites d’habitat de la région, on a ainsi découvert de nombreux dépôts de céramiques. Et notamment ce vase culinaire du Néolithique, joliment ventru, fabriqué entre l’an – 4200 et – 3800 et arrivé jusqu’à nous dans un incroyable état de conservation.

Grâce à de nombreuses fouilles, la vie quotidienne de nos aïeux n’a (presque) plus de secrets pour nous. Ainsi, si vous vous demandez ce que portait Mme Agecanonix ou la belle Falbala, du temps de ces Gaulois qui occupaient la région, la réponse est ici. Dans cette vitrine présentant des éléments de parure, comme ces magnifiques perles en verre bleu, trouvées à Brebières, ou cette grande épingle à vêtement, découverte à Aubigny-au-Bac. Un peu plus loin, dans la partie consacrée à l’Antiquité, voici d’autres objets de toilette, cette fois de l’époque gallo-romaine. Des peignes, des rasoirs et même une série de pinces à épiler !

Aux beaux jours, on sort respirer en bord de Scarpe. Direction le parc archéologique, avec son Portus, ses artisans et sa taverne, où on déguste des plats médiévaux inspirés d’authentiques recettes d’époque. Une autre façon de digérer l’Histoire…

Au château d’Olhain, plongée au cœur du Moyen Âge

Vous aimez les histoires de chevaliers et les châteaux forts flanqués d’un imposant donjon ? Direction Fresnicourt-le-Dolmen, au cœur de l’Artois, où le château d’Olhain a traversé les siècles comme par miracle, échappant à (presque) toutes les vicissitudes de l’Histoire. On dit même que cet authentique château fort est le plus bel exemple de forteresse médiévale de la région ! C’est vrai qu’il a fière allure, dressant sa tour de guet vers le ciel et se mirant dans le plan d’eau à ses pieds.

C’est vers l’an 1200, après son retour de croisade, que le seigneur Hugues d’Olhain, capitaine croisé du roi, fait bâtir le château fort. Au XVe siècle, après un incendie, il est reconstruit et agrandi par Jean de Nielles, époux de Marie d’Olhain. Depuis, la forteresse n’a guère changé, conservant ses plans d’origine et ses deux parties séparées par un pont levis.

On entre à l’avant par la basse-cour, avec ses anciens bâtiments de ferme, un  superbe ensemble rural resté presque intact. Naguère, habitants du village et bétail y trouvaient refuge pendant les périodes troublées.
À l’arrière, côté haute-cour, c’est le château fort proprement dit, avec sa grande et ses petites histoires, cachées entre ses pierres. Vous allez adorer grimper la centaine de marches, qui conduisent au sommet de la tour de guet. Visiter la chapelle, dont les murs sont décorés de marbre en trompe-l’œil. Descendre dans les caves voûtées entre des murs de plus de 2 mètres d’épaisseur. Traquer les graffitis, laissés sur la grande tour, par les soldats de la Deuxième Guerre. Ou chercher, dans la salle de garde, le blason de la famille de Berghes, qui posséda un temps la forteresse. Louise de Berghes épousa le comte d’Artagnan, gouverneur d’Arras et cousin du célèbre mousquetaire. On dit d’ailleurs que ce dernier serait passé ici. Et même que sa dépouille reposerait à l’emplacement de l’ancienne chapelle. Légendes, légendes…

Bref, ce saut dans le Moyen Âge s’annonce passionnant ! Mais n’oubliez pas de vous balader le long des douves, toujours en eau, qui ceinturent les murs de grès…

Vue du Château d’Olhain.

À Souchez, la Première Guerre mondiale se raconte en images

À deux pas de la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, voici un musée unique, étroitement lié à l’Histoire du territoire. En effet, c’est à une véritable immersion dans la Première Guerre que le Centre d’Histoire du Mémorial 14-18 vous invite, au milieu des champs de bataille de l’Artois. Une plongée au plus profond de l’effroyable conflit, grâce à des films d’époque, des cartes animées, de nombreux objets mais surtout des photos. Vous découvrirez ainsi plusieurs centaines de photos grand format, clichés officiels ou à l’inverse pris anonymement par des soldats. La guerre vue côté Alliés mais aussi côté Allemands, ce qui fait toute la force de ces collections. Voyez notamment cette photo inédite de soldats allemands portant casque à pointe, à l’affût derrière une barricade à Saint-Laurent-Blangy, en octobre 1914. Ou cette autre de la même période, montrant l’empereur Guillaume II, en visite sur les champs de bataille, près d’Arras.

Au fil des salles du bâtiment de béton noir et de verre, la guerre de tranchées revient comme un fil rouge. Images des premières lignes françaises et allemandes, à Souchez, Carency ou Saint-Laurent-Blangy. Photos de cette tranchée canadienne, en 1917, près de Vimy, ou de cette autre, à Riencourt, abritant des soldats australiens.
Boue, obus, conditions de vie effroyables. Mais aussi moments de calme relatif passés à jouer aux dés ou aux dominos, à boire le thé ou à écrire des lettres pour raconter horreurs du front et vie quotidienne ordinaire.

La vie à tout prix, comme le rappellent textes, photos et nombreux objets présentés sous vitrine. Bougies, réchauds, appareil photo, porte plume, crucifix, médailles pieuses, harmonica, papier à cigarette, briquet, rasoirs, crème pour les pieds… et même trousse à couture et miroir de poche !

Mais la Première Guerre, c’est aussi le bombardement d’Arras et l’effondrement de son beffroi photographié, en octobre 1914, au milieu d’un champ de ruines. Ou la destruction de Liévin et de Lens, qu’une vue aérienne de 1918 montre anéantie par les bombardements et dynamitages allemands.

Et même si la trêve de Noël 1914, photographiée près de Fromelles, est une douce parenthèse, elle n’est qu’un court répit dans cet enfer jonché de corps mutilés.

Alors oui, il vous faudra un peu de courage pour plonger au cœur de ce premier conflit mondial, à Souchez. Mais quelle leçon d’Histoire et de vie !

Boire et manger

Juste à côté du Centre d’histoire du Mémorial 14-18, Mets & Histoires propose une cuisine bistronomique, avec vue panoramique sur le Mémorial, le bassin minier et les terrils jumeaux du 11/19 à Loos-en-Gohelle à l’horizon.

Informations pratiques

Arkéos
4401 route de Tournai, 59500 Douai.
Le musée est ouvert toute l’année. Le parc archéologique est ouvert du 1er avril au 31 octobre. La taverne accueille le public du 1er mars au 31 octobre, sauf le lundi et mardi.
03 27 71 18 00 – www.arkeos.fr

Château d’Olhain
19 rue Léo Lagrange 62150 Fresnicourt-le-Dolmen
En individuel, visites libres ou guidées, du 1er avril au 31 octobre.
01 39 18 33 14 ou OT de Béthune Bruay 03 21 52 50 00
À 2 km environ du château, à la sortie du village, ne manquez pas le dolmen de Fresnicourt. Vieux de 4000 ans, il aurait, dit-on, des vertus magiques et serait fréquenté par des fées !

Centre d’histoire du Mémorial 14-18
102 rue Pasteur 62153 Souchez
Visite libre gratuite, avec audio-guide 3€
Visite guidée le dimanche. De 15 h à 15 h 45 nécropole Notre-Dame-de-Lorette et Anneau de la Mémoire, suivi de 16 h 15 à 17 h du Mémorial 14-18, tarif 6 €.
Mémorial 14-18 uniquement, de 16 h 15 à 17 h, 4 €. Réservation sur le site.
03 21 74 83 15 – www.memorial1418.com

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