Cornets de voyage

Si vous passez par Lens, faites une halte à Papas Fritas. Dans le cadre de Freet’Art, l’artiste Oak Oak a sacrément rhabillé la friterie de la place Cauchy. Tandis qu’à Liévin, Vinie Graffiti vous attend pour une pause lecture.

Une baraque qui donne la frite

On ignore jusqu’à quel point l’artiste Oak Oak aime les frites mais on peut avancer sans se tromper qu’elles l’inspirent. Trois jours. Pas un de plus. C’est le temps qu’il aura fallu au Stéphanois pour métamorphoser la baraque à frites de la place Cauchy à Lens en un tableau surréaliste. Non pas tant d’un point de vue stylistique – l’œuvre s’apparente davantage à un cartoon dans ses couleurs et ses courbes – mais plutôt par ce que ce nouvel habillage dégage : un sacré second degré. Voire davantage. Première « baraque » d’Autour du Louvre-Lens à participer à l’opération Freet’art dans le cadre d’Upernoir, Papas Fritas se savoure désormais aussi avec les yeux.

Et tout comme il est toujours préférable d’associer un vin avec ce que l’on déguste, le choix de Oak Oak a été mûrement réfléchi. Le street artiste s’est non seulement déjà frotté à ce genre d’exercice sur une caravane, mais comme le rappelle l’association Run.da.Art, « il analyse toujours le contexte pour s’y intégrer ». Un exercice d’autant plus complexe à relever qu’il fallait évoquer la notion de roman noir.

OakOak - crédit photo Alex Perret

La Sainte frite et le terril 

Et c’est là tout le talent d’Oak Oak. Au lieu de surligner à gros traits la thématique imposée, il l’a délicatement suggérée où on s’y attend le moins : sur les flancs de la friterie. Sur l’un, un personnage-frite nous épie yeux plissés derrière une herse de stores. Sur l’autre, un piou-piou noir attend patiemment. Cet oiseau est, aux dires des propriétaires, un sympathique étourneau habitué des lieux qui aime picorer les frites tombées des cornets de frites des habitués.
Le dos de la friterie est tout aussi déroutant. Qu’y voit-on ? Un panorama – puzzle de vitraux sacralisé – du Bassin minier dominé par un cornet de frites noir de geai –  terril inversé – littéralement illuminé par la lumière divine. Bien entendu, chacun a le loisir de décoder l’œuvre selon ses envies, son expérience, sa propre vision du territoire. Oak Oak laisse le champ libre. Car la rue nous appartient un peu aussi.

Oak Oak friterie - crédit Alex Perret

Lire le mur 

Elle a les cheveux en bataille et dégage un sentiment de paix. Elle n’a pas vraiment d’âge, pas de nom mais des mots plein la tête qui lui font de jolies boucles colorées. Fraternité, enfants, Upernoir, libre et… roman noir. Chez elle, tout est couleurs de pied en cap, hormis les contours noirs « qui les font éclater. » Signée de l’artiste Vinie, l’immense fresque de dix mètres sur dix illumine désormais le flanc bétonné côté rue de la résidence Salengro à Liévin. Impossible de la louper. Vinie a réalisé cette œuvre uniquement à main levée, à la bombe, sans calicot anti-bavures, « et surtout par tous les temps. La météo n’était pas clémente. C’était là le vrai défi », dit-elle encore amusée. Le dessin s’est révélé peu à peu aux yeux du monde. « Mais très vite, grâce aux repères posés à même le mur, on a compris l’idée générale », racontent Anne-Catherine et Guillaume, fondateurs de Run.da.Art. Au total, l’artiste aura passé une centaine d’heures sur une nacelle, alimentée en café par le voisin du second. Le résultat est bluffant de rigueur, de netteté et aussi d’humanisme.

==> Retrouvez Freet’art signé Oak Oak, place Cauchy à Lens et la fresque de Vinie, rue Salengro à Liévin.
Arrêtez-vous aussi déguster la fameuse quesadilla de Papas Fritas ! Les frites sont aussi maison et coupées à la main. Un délice !

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